<- Retour

« L’insolence des marchés… » | Lettre Orientations et Stratégie N°152

Le 08 décembre 2014 Expertises

« Orientations et Stratégie » est une publication mensuelle de La Française AM à destination de nos partenaires et clients. Rédigée par Gilles Mainard, responsable pôle gestion flexible de La Française AM et Michel Didier, Président du Conseil d’Orientation Stratégique de La Française AM, elle présente notre stratégie d’investissement, une analyse de la conjoncture et des perspectives économiques ainsi que nos convictions.

Regard sur les marchés   

Une fois de plus en novembre, les banquiers centraux ont volé la vedette aux fondamentaux et provoqué un double effet d’appréciation des bourses et d’écrasement des taux ! Le meilleur des mondes… à ce stade.

La BCE a multiplié les propos  favorables à de nouvelles mesures quantitatives visant à lutter contre les risques de déflation. Le recours à des achats d’actifs autres que les ABS et les obligations sécurisées est confirmé et l’idée d’un assouplissement quantitatif via des obligations d’Etats européens fait son chemin, même si nous ne la partageons pas. Si tel devait être néanmoins le cas, l’imminence de la seconde opération de TLTRO milite à notre sens plutôt pour une action en T1 2015.

Les minutes de la Fed ont souligné de leur côté la robustesse des chiffres d’activité mais la faiblesse des données d’inflation laisse encore une marge à la banque centrale pour différer l’infléchissement de sa politique monétaire.

A l’inverse, la poursuite du ralentissement en Chine a conduit la PBOC à abaisser, par surprise, ses taux directeurs. D’autres mesures sont attendues par les investisseurs, pour conforter la croissance et maintenir l’objectif de croissance du PIB au-delà de 7 % ce qui reste ambitieux.

Enfin au Japon, après l’augmentation de la taille du bilan de la BOJ et le changement d’allocation d’actifs du principal fonds de pension, annoncés fin octobre, c’est au gouvernement d’annoncer le report de la seconde hausse de la TVA et la conduite d’élections anticipées en décembre, pour conforter son assise dans la mise en oeuvre de sa politique économique.

C’est donc une mobilisation mondiale et synchrone en faveur de la croissance et face au risque de déflation surtout prégnant dans les zones les plus fragiles. Il faut toutefois mentionner que l’accélération récente de la chute du prix du pétrole mesuré par la référence Brent ( -35 % depuis le début de l’année) nous amène à des niveaux inédits depuis mi-2010, sous l’effet d’un mix offre-demande bouleversé et de la stratégie de maintien de la production de l’OPEP. L’impact sur les indices et perspectives d’inflation est majeur ce qui accroît la pression sur les banques centrales. Les devises des pays producteurs sont fortement impactées, à l’image de la couronne norvégienne, au plus bas depuis 2009 contre euro, ou du rouble qui s’effondre de près de 15 % contre dollars sans que la banque centrale ne parvienne à enrayer les sorties de capitaux.

Les premiers bénéficiaires de ce contexte sont les dettes gouvernementales qui poursuivent en novembre leur incroyable trajectoire vers des niveaux historiques : moins de 1 % sur l’OAT 10 ans, moins de 2 % sur le 10 ans espagnol… et un T-bond US toujours immune de tout stress Fed. A noter toutefois que les primes de risque des dettes privées ou émergentes sont, elles, plutôt stables.

Les marchés d’actions, européens notamment, en profitent largement (+4 % à 5 % proches de leur plus hauts), soutenus également par une saison T3 des résultats des entreprises satisfaisantes, le recul de l’euro et le repli désormais significatif des prix du pétrole étant jugés de bon augure pour une poursuite de cette amélioration des profits en 2015. L’indice S&P500 progresse plus modérément (+2,5 % en novembre) mais enchaîne de nouveaux plus hauts historiques. Les indices japonais réalisent la plus forte progression mensuelle (+6,4 % pour l’indice Nikkei sur le mois).

Notre scénario économique mondial pour 2015 tel que décrit page 2 et les politiques accommodantes des principales banques centrales restent des facteurs de soutien aux classes d’actifs risquées. Néanmoins, face aux niveaux de valorisations atteints par certaines classes d’actifs et dans une approche de préservation des performances accumulées, nous avons poursuivi la réduction de l’enveloppe globale de risque de nos portefeuilles via un allègement des positions Actions, assortie d’un positionnement plus neutre en duration, tout en gardant quelques paris obligataires spécifiques.

Orientations et Stratégie - N°152

Format : PDF
Poids : 833.17 KB
Date : 05/12/2014

Télécharger