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Protectionnisme

Le 06 avril 2018 Expertises

Les craintes protectionnistes font un violent retour sur le devant de la scène depuis la fin du mois de février après les décisions prises par le président américain.

Celui-ci a tout d’abord annoncé des taxes sur l’aluminium et l’acier (10 % et 25 % respectivement) pour ensuite cibler la Chine en imposant une taxe de 25 % sur une enveloppe de 60 milliards de dollars d’importations chinoises.

L’impact sur les marchés a été significatif : baisse marquée des actions, baisse des taux et écartement des spreads de crédit. La volatilité devrait rester élevée à court terme avec les précisions attendues sur les produits ciblés et les mesures de représailles en provenance de la Chine.

Ces nouvelles remettent-elles en cause le scénario positif sur la croissance mondiale ? Sommes nous au début d’une guerre commerciale ou seulement devant un jeu politique américain en préparation des élections de mi-mandat ?

- Les mesures décidées sur l’aluminium et l’acier n’auront pas d’impacts significatifs sur la croissance, les importations combinées de ces deux matières premières ne représentant que 0,5 % du PIB américain. Les seuls secteurs potentiellement impactés pourraient être l’automobile et la construction.

- Les taxes imposées aux produits chinois ne devraient pas non plus remettre en question la tendance sur la croissance américaine ou chinoise. 25% sur $60 Mds d’importations, cela représente $15 Mds de taxes effectives sur des importations chinoises vers les Etats-Unis qui représentent environ $450 Mds, soit environ 3% de taxes. Différentes études estiment l’impact à environ 1 % sur les profits des entreprises américaines.

- La Chine n’a tout d’abord pas réagi aux premières annonces, mais a finalement décidé des représailles pour des montants équivalents.

- M. Trump peut-il aller au-delà ? Il est probable qu’il se heurterait en ce cas à des pressions politiques de la part des lobbies et du Congrès, dans l’ensemble plus favorables au libre échange. On ne peut pourtant pas totalement exclure ce scénario même si une guerre commerciale ouverte avec la Chine semble peu rationnelle.

Etonnamment, les anticipations d’inflation n’ont pas profité de ces nouvelles. Le marché semble craindre davantage une récession qu’une période de stagflation, qui serait pourtant la conséquence logique d’une guerre commerciale.

A ce stade, l’impact sur la croissance mondiale nous parait donc mesuré. Les récentes déceptions du côté des chiffres d’activité ne sont pas non plus de nature à remettre en cause notre scénario, ces chiffres étant toujours largement compatibles avec une croissance mondiale autour de 4 %.

Nous conservons donc à moyen terme une vue positive sur les marchés actions, aujourd’hui relativement peu chers vis à vis des autres classes d’actifs ; nous restons, également légèrement haussiers sur les taux et sur les points morts d’inflation.

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