L’optimisation de scores ESG dans la constitution de portefeuille

Le 25 juin 2019 Expertises

En septembre 2017, la Commission Recherche du Forum pour l’Investissement Responsable a lancé un groupe de travail sur le pilotage de l’allocation stratégique d’actifs, et de son complément la gestion actif-passif, dans une démarche d’investissement responsable, réunissant autour de la CDC et d’Edmond de Rotschild Asset Management un certain nombre d’investisseurs institutionnels et de gérants d’actifs dont le Groupe La Française.

L’objectif du groupe de travail était de réfléchir à la possibilité d’intégrer les deux cadres d’analyse en identifiant les étapes du processus d’allocation d’actifs où une intégration des critères ESG serait susceptible d’intervenir. Un certain nombre de résultats sur l’état des lieux, les sources de données, les attentes des investisseurs ont été présentées en 2018 et début 2019, le travail final va être présenté lors de la conférence PRI in Person en septembre.

Le cadre général de l’investissement responsable repose sur l’intégration dans les processus d’investissement de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) établis au niveau des émetteurs d’instruments financiers tandis que l’allocation stratégique d’actifs est une technique de maximisation de la rentabilité financière ajustée du risque d’un portefeuille par recherche d’un gain de diversification lié aux performances passées ou escomptées de chaque actif. Comment concilier les deux approches ? On peut donc concevoir l’allocation "responsable" d’actifs comme un exercice à deux étapes où, dans chaque classe d’actifs : actions, obligations, immobilier, capital-investissement, hedge funds, etc., on réalise une intégration des critères ESG dans les processus d’investissement propres à chaque classe dans le but d’obtenir des expositions "responsables" puis on combine ces expositions à l’aide des techniques financières classiques d’optimisation par recherche d’une frontière efficiente. Ce faisant on suppose implicitement qu’un gain de diversification entre classes d’actifs lié aux critères ESG est nul et que seuls les critères financiers sont source de gain de diversification.

La recherche en finance actuelle contourne le problème en quantifiant autant que possible l’impact des critères ESG en termes de performances financières escomptées dans le but d’unifier le cadre d’analyse sous la bannière classique de la théorie financière. C’est le sens de l’approche "Climate Value @ Risk" proposée par Carbon Delta et appuyée un comité de pilotage sur la "Task Force on Climate-related Financial Disclosures" à laquelle participe UNEP FI et le Groupe La Française, c’est aussi le sens de la démarche proposée par "Impact Management Project", une communauté d’investisseurs et d’instances supranationales, dans la constitution d’une frontière efficiente "impact" qui prend en compte l’optimisation de scores ESG dans la constitution de portefeuille.

La régulation a aussi son mot à dire car les investisseurs institutionnels européens sont soumis à une contrainte de couverture en fonds propres dans leur allocation d’actifs sous la réglementation Solvabilité 2. Cette réglementation ne considère que les risques financiers dans le calibrage des besoins en fonds propres et en aucune façon les risques liés aux critères ESG. L’introduction de "Green Supporting Factors" dans la régulation est parfois invoquée, mais elle introduit un certain arbitraire, et le recours à une quantification financière des critères ESG dans ce cadre également apporte une solution opérationnelle.

Format: PDF
Langue: Stratégie et Durabilité 1e semestre 2019

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