<- Retour

General Electric, le prochain « Fallen Angel »

Le 17 décembre 2018 Expertises

Depuis plus d’un mois, General Electric (BBB+) attire l’attention des marchés Investment Grade et High Yield, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.

General Electric est un conglomérat historique américain qui avait atteint la plus importante valorisation du monde en 2001 avec une capitalisation dépassant les $500 milliards et qui semble maintenant en fin de cycle. Le groupe est aussi l’un des plus complexes en opérant mondialement sur une douzaine de segments différents et avec une filiale importante de services financiers, GE Capital, qui cumule une structure complexe et un endettement très important. 

Avec un endettement brut de $115 milliards, General Electric est le 10e plus gros émetteur de gisement Investment Grade américain (indice BoA). En plus du poids de la dette, le groupe a provisionné $22 milliards pour une enquête en cours de la SEC et a $12 milliards de dette arrivant à échéance en 2019. Le tout cumulé a provoqué de fortes incertitudes sur la situation du groupe, qui se sont traduites par une chute des obligations de 10 à 20 points selon les entités émettrices en deux mois et une division par deux des actions (-56 % depuis janvier). Aujourd’hui, les obligations du groupe se négocient au prix d’une obligation notée B (investissement hautement spéculatif). 

La situation du groupe inquiète l’ensemble du marché High Yield du fait du poids systémique que le groupe représente. Compte tenu de la dette du groupe, si GE passait en High Yield, soit une dégradation de trois crans, ce serait le plus gros émetteur avec une dette représentant 3,7 % de l’indice. Les acteurs du marché s’accordent à dire que le marché High Yield aurait beaucoup de mal à encaisser un tel montant de dette. 

Néanmoins, nous n’anticipons pas le passage de General Electric en High Yield à court et moyen termes pour plusieurs raisons :  

  • General Electric demeure rentable sur la plupart de ses activités et peut et doit se restructurer.    
  • La capacité de GE à se désendetter évitera un passage en High Yield. Le groupe peut réduire aisément son endettement en levant au minimum $20 milliards à court terme : possible IPO de la partie Healthcare (jusqu’à 40 %), vente de la participation dans Baker Hugues, coupe du dividende etc…  
  • Le poids de la dette de General Electric dans les portefeuilles de prêts Investment Grade des cinq plus grandes banques de Wall Street peut assurer un soutien de leur part pour éviter des problèmes de liquidités. Sur la seule ligne de crédit de $19,8 milliards expirant en 2020 garantie à GE par 6 banques (sur un total de $41 milliards de lignes), la part de Morgan Stanley représente 6 % de son portefeuille de prêts Investment Grade et celle de Goldman Sachs 4 %. 

Pour les raisons évoquées cidessus, nous sommes confiants sur la capacité du groupe à se désendetter sur les court et moyen termes et conséquemment, la réaction de marché nous semble exagérée et reflète davantage le climat obligataire plus tendu de ces derniers mois.

N°196 - décembre 2018

Format: PDF
Langue:

Télécharger