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Du côté des taux, situation inhabituelle en zone euro

Le 12 juillet 2018 marchés

Contrairement aux Etats-Unis, la croissance connaît un essoufflement (le consensus a déjà revu la croissance à la baisse de 2,4 % à 2,3 % pour 2018) alors que l’inflation accélère, certes de façon modérée, mais se rapproche tendanciellement de la cible de la BCE. La première estimation de l’inflation pour la zone euro est ressortie à 2 % sur le mois de juin, en glissement annuel, tirée notamment par les effets de base positifs des prix de l’énergie.

L’inflation sous-jacente quant à elle demeure faible (1 % en GA), malgré la faiblesse récente de l’euro, et n’est à ce stade que faiblement impactée par les effets de second tour de la hausse des prix de l’énergie : le retour vers sa moyenne de long terme à 1,5 %, avec une accélération de l’inflation salariale, devrait se matérialiser en 2019. La BCE a relevé sa prévision d’inflation sous-jacente à 1,6 % en 2019 et 1,9 % en 2020, en ce sens elle montre ainsi sa confiance sur la convergence de l’inflation vers son objectif pour les prochains mois, même après la réduction progressive des achats mensuels. Il semble toutefois qu’elle ait encore à convaincre les marchés : les anticipations d’inflation demeurent en retard en termes de valorisation au regard du futur chemin de l’inflation, ce qui ne nous semble pas justifié. A l’exception des indexées italiennes, il est intéressant de noter leur relative résistance depuis début mai, dans le stress italien puis l’escalade dans la rhétorique de guerre commerciale qui a favorisé une fuite vers la qualité au bénéfice des taux coeur.

L’inflation française accélère elle aussi et devrait bénéficier de la hausse des prix règlementés (+7,45 % sur le gaz au 1er juillet, plus forte hausse depuis six ans). De plus, dans le cadre du projet du Gouvernement de baisser les dépenses d’aides aux entreprises de 5 milliards d’euros, le bénéfice de taux réduits de TVA pour certains secteurs d’activité s’arrêterait. Nous estimons l’impact potentiel de ces mesures de 0,25 % sur l’inflation française. Par ailleurs, les changements de règles de calcul du rendement de l’épargne règlementée en France ces dernières années ont engendré une moindre demande des banques françaises pour l’inflation domestique, qui a nettement sous-performé l’inflation européenne sur le marché des swaps inflation : le spread est au plus bas depuis 10 ans. Deux bonnes raisons d’être positionné en faveur des anticipations sur l’inflation française.

N°192 - Juillet-Août 2018

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